Le tigre : une histoire de survie dans la taïga

Ce récit nous emmène loin, très loin, dans la « jungle boréale » qu'est l'État de Primorié. Aux confins de la Russie orientale, ce paysage paléolithique est celui des laissés-pour-compte de l'ex-URSS. Les hommes s'y réchauffent à grands coups de vodka, et l'air qu'ils respirent vient du bruissement éternel de la « Matouchka Taiga », la Mère Taïga, leur source première. Éternel ? Rien n'est moins sûr. Car les entreprises de déforestation deviennent légions, et les populations locales pour survivre sont contraintes au braconnage. Notamment celui du tigre de l'Amour, le plus grand fauve de la planète, créature proche du divin, respectée et redoutée autrefois, désormais traquée sans relâche pour sa peau et ses divers organes, dont use la médecine traditionnelle chinoise. C'est dans ce climat que le journaliste canadien John Vaillant nous livre sa superbe enquête, issue de son intégration à la « Tigre », une brigade chargée de protéger les fauves sur le terrain. Elle est déployée lorsque le corps d'un braconnier de la région est retrouvé aux abords de sa cabane, victime de la plus bestiale des fureurs... Qu'est-ce qui a bien pu la déchaîner ? C'est ce que la brigade va tâcher de comprendre, dans ce récit fascinant mêlant polar forestier, essai anthropologique et reportage animalier. En cette époque post-perestroïka, mutations et crises bouleversent le monde des hommes, tandis que l'on découvre aux tigres de nouveaux stimuli, tels que la rancune, la peur ou la vengeance. Et si ces êtres « doués d'une semi-conscience » incarnaient nos propres angoisses ? Margaux Lang, Libraire Payot, Pépinet